Mekong River

Early 2014. I find myself at an impasse. I feel lost, I see no meaning neither in work, nor in the private sphere. I am broken, without resources.
I jump into the void to try to find myself: I take a plane ticket to Thailand where I will spend 23 days of silent meditation. A dive into my inner self, into a stifled universe that just wants to express itself. It will take me some time to really take the measure of the impact of this experience, many months later.
When I leave the monastery, everything assaults me. I can’t stand the noise, the interactions with people. I spend a few days in the mountains, isolated.
Then I start the journey. I cross the border with Laos and I embark for two days on a boat on the Mekong River, full of white backpackers who try to get in touch with me. They would like to exchange good tips, most of them have been traveling for months, they follow the festive routes. And no doubt they have had the time of their life. They don’t understand that I need something else. I need to be alone. Totally alone.
I keep my big headphones on the whole time, and I listen to this song by Other Lives, a band from Oklahoma, on a loop.
I had promised myself that I would tell the story of this journey through these images, and I never did. Today, in 2022, I thought about it and decided to go through with my idea. 8 years have passed. 8 years that have transformed me. We always think we’re the same person as time goes by, but I realize how much this experience, and this moment in particular, has changed me. I make more conscious choices, I feel more in tune with what my heart is telling me.
This story is one of a long and lonely journey. For many people, travel is for fun and to rest. For me, it’s about connecting with who I am. I’ve had to put my foot down, like everyone else, because of the pandemic, because of ‘flight shaming’ and a few other self-righteous comments that give me unsolicited advice. I had to find other ways to get out of my comfort zone and find my way back to my inner voice.
The voice of my instinct.
Each of these moments have made me, and are making me, who I tend to become until the day I close my eyes.
This story is about the past, the present and the future. And what can happen along the way: the strength and the vulnerability, the sadness and the hope, and above all the chance to move forward.

Début 2014. Je me trouve dans une impasse. Je ne trouve plus de sens: ni dans le travail, ni dans la sphère privée. Je suis brisée, sans ressource. Et je ne sais pas vers qui me tourner.
Je décide alors de sauter dans le vide pour tenter de me retrouver : je prends un billet d’avion pour la Thaïlande où je passerai d’abord 23 jours de méditation silencieuse. Une plongée dans mon for intérieur, dans un univers étouffé qui ne demande qu’à s’exprimer. Il me faudra du temps pour vraiment prendre la mesure de l’impact de cette expérience, de longs mois plus tard.
Quand je sors du monastère, tout m’agresse. Je ne supporte pas le bruit, les interactions avec les gens. Je passe quelques jours dans les montagnes, isolée.
Puis j’entame le voyage. Je passe la frontière avec le Laos et j’embarque pour deux jours sur un bateau sur le Mékong, truffé de backpackers blancs qui tentent d’entrer en contact avec moi. Ils voudraient échanger des bons plans, la plupart voyagent depuis des mois, ils suivent les routes festives. Et nul doute qu’ils ont eu l’expérience de leur vie. Ils ne comprennent pas que j’ai besoin d’autre chose. J’ai besoin d’être seule. Totalement seule.
Je garde mon gros casque sur les oreilles tout du long, et j’écoute en boucle cette chanson d’Other Lives, un groupe d’Oklahoma.
Je m’étais promis de raconter ce voyage par ces images, et je ne l’ai jamais fait. Aujourd’hui, en 2022, j’y ai repensé, et j’ai décidé d’aller au bout de mon idée. 8 ans se sont écoulés. 8 ans qui m’ont transformée. On a toujours l’impression d’être la même personne, mais je réalise à quel point cette expérience, et ce moment en particulier, m’ont métamorphosée. Des choix plus conscients, plus en accord avec ce que mon cœur me dicte.
Cette histoire, c’est celle d’un long chemin solitaire. Pour beaucoup, voyager c’est se reposer. Pour moi, c’est me connecter à qui je suis. J’ai dû lever le pied, comme tout le monde, à cause de la pandémie, à cause du « flight shaming » et quelques autres commentaires bienpensants qui m’assènent de conseils non sollicités. J’ai dû trouver d’autres moyens de sortir de ma zone de confort et retrouver la voie vers mon instinct.
La voix de mon instinct.
Chacun de ces moments ont fait de moi, et font de moi, celle que je tends à devenir jusqu’au jour où je fermerai les yeux.
Cette histoire, c’est celle du passé, du présent et de l’avenir. Et de tout ce qui peut se passer sur le chemin: la force et la vulnérabilité, la tristesse et l’espoir, et surtout la chance de pouvoir avancer.